Odile Maarek

Odile Maarek

Française, née en 1961

Le noir chez Odile Maarek est une couleur nécessaire. Un noir primordial qui n’est pas celui de la nuit, mais celui, palpitant et fourmillant, d’un for intérieur dense et léger.

Dans ces dessins pleins d’obscurité, la lumière apparaît, irradiante, semblable à un long frisson. Quasiment sonore, ce frémissement en expansion est fait de points, de hachures et d’entrelacs, pris dans un tressage complexe. Il est tout autant celui de la peau qui s’éprouve, soufflée tel un pissenlit dans une rafale de vent, que celui de l’écho du frottement des galaxies entre elles. Ainsi, la vie des formes dans les dessins d’Odile Maarek est saisie dans une tension qui va de l’infiniment grand à l’infiniment petit.

Ces dessins ont une genèse, à la fois familiale et collective, historique et artistique que l’on peut toucher du regard. Dans plusieurs séries, l’artiste recouvre d’anciennes gravures — Brueghel, Goya, Perrault, Léonard de Vinci, offrent autant de matrices que couvre et « grignote » Odile Maarek. Au creux de ces formes, souvent très présentes dans la conscience commune, apparaissent des dessins hantés où l’histoire de l’art laisse place aux fantômes du regard. Ces regards sont ceux des artistes bien sûr, mais aussi ceux de sa propre enfance et ceux que chacun a pu déposer un jour sur les reproductions et les livres en les feuilletant, dans ce rapport quasi hypnotique qui se crée parfois quand on se laisse prendre par l’odeur du papier imprimé.

Pour autant, l’œuvre d’Odile Maarek ne saurait s’appréhender uniquement dans sa dimension aérienne, au contraire, elle s’incarne profondément. L’image forme une peau, construite par la prise lente des traits noirs tissés les uns avec les autres. Il en résulte quelque chose de très épidermique. On perçoit presque, affleurant à la surface, le mouvement lent d’une respiration. Il faudrait y poser la main, sentir le papier s’il n’était si fragile. Les dessins de l’artiste appellent à cela : une appréhension, comme l’on retient son souffle avant de décider si l’on saute le pas.

Texte de Benoît Blanchard

Œuvres

Lieu 8
Lieu 8
2019
Chaperon rouge 1
Chaperon rouge 1
2013, feutre pigmentaire sur héliogravure, 24,2 ✕ 19,2 cm
Chaperon rouge 4
Chaperon rouge 4
2013, feutre pigmentaire sur héliogravure, 24,2 ✕ 19,2 cm
Belle au bois dormant 4
Belle au bois dormant 4
2013, feutre pigmentaire sur héliogravure, 24,5 ✕ 19,7 cm
Chat botté 1
Chat botté 1
2013, Feutre pigmentaire sur héliogravure, 24,5 ✕ 19,7 cm
Petit Poucet 4
Petit Poucet 4
2013, feutre pigmentaire sur héliogravure, 24,2 ✕ 19,3 cm
Petit Poucet 2
Petit Poucet 2
2013, feutre pigmentaire sur héliogravure, 19,3 ✕ 24,2 cm
Petit Poucet 1
Petit Poucet 1
2013, feutre pigmentaire sur héliogravure, 24,2 ✕ 19,3 cm
Point sensible 4
Point sensible 4
2018, Feutre pigmentaire sur papier, 26 ✕ 36 cm
Point sensible 1
Point sensible 1
2018, Feutre pigmentaire sur papier, 31 ✕ 41 cm
Point sensible 2
Point sensible 2
2018, Feutre pigmentaire sur papier, 26 ✕ 36 cm
Point sensible 7
Point sensible 7
2018, feutre pigmentaire sur papier , 23 ✕ 31 cm
Brueghel 1
Brueghel 1
2013, feutre pigmentaire sur héliogravure, 20,4 ✕ 28,9 cm
Apparition 4
Apparition 4
2012, Feutre pigmentaire sur héliogravure, 13,2 ✕ 21,1 cm
Dessin soluble 3
Dessin soluble 3
2019, Feutre pigmentaire sur héliogravure, 21,6 ✕ 23,6 cm
Dessin soluble 1
Dessin soluble 1
2019, Feutre pigmentaire sur héliogravure, 22,3 ✕ 17,5 cm
Brueghel 6
Brueghel 6
2013, Feutre pigmentaire sur reproduction, 35 x 43 cm
Brueghel 7
Brueghel 7
2013, Feutre pigmentaire sur reproduction, 35 x 43 cm