WVZ 135 B TRE 21
Elmar Trenkwalder WVZ 135 B TRE 21
2021, Terre cuite émaillée, relief, mine de plomb sur papier, 128 ✕ 135 ✕ 20 cm

Elmar Trenkwalder

du 15 janvier 2022
au 26 mars 2022

Voilà plus de trente ans qu’Elmar Trenkwalder explore les vicissitudes du grès émaillé. Il a bâti des façades, des colonnes et des fenêtres, des temples faits d’empilements aux formes architecturales et organiques ; toutes — érections glacées — présentent cette voluptueuse tension caractéristique de l’artiste.

Crédit photos : Aurélien Mole

La présente exposition permet d’en reconnaître le cheminement. En effet, un groupe d’œuvres récentes est mis en rapport avec un important relief de 1992. Ce dernier, constitué de 30 éléments de couleur ivoire, se singularise par l’apparente rigueur des ordres fantasmagoriques qu’il associe. Constitué de trois arches monumentales, creusées d’entablements, de frises et de pilastres, et surmontées de deux mascarons joufflus qu’entoure un réseau d’ornements serpentins, ce relief offre un puissant contraste entre la frontalité de sa présence et les multiples perspectives que suggèrent en lui les imbrications d’ouvertures qui le composent. De par sa couleur et sa construction, cette œuvre déploie le sentiment d’une austère complication ; on y voit volontiers la ruine fantomatique d’un théâtre que l’esprit veut habiter de formes brûlantes à la voix blanche et immobile. De là, peut-être, vient la sensation lancinante de grandeur que l’on ressent face à lui.

Crédit photos : Aurélien Mole

C’est dans la lumière de ce décor opalin que se meuvent deux colonnes qu’un léger déséquilibre dans leur construction met en mouvement. L’une semble animale, l’autre végétale ; elles éclosent et naissent, à la fois sous nos yeux et sous le regard figé de trois cadres ornés de lourdes paupières lippues et mécaniques. Comme retenu, l’ensemble semble suspendu : le passé regarde le présent, l’histoire enfle de se contenir.

Crédit photos : Aurélien Mole

Dans ce face-à-face, tout ce qui fourmille dans l’œuvre d’Elmar Trenkwalder, tout ce qui s’élance et tout ce qui respire, tout ce qui retient son cri de muse endormie et tout ce qui se joue dans l’attente des minutes qui passent, se voit convoqué. En cela, cette exposition, qui inaugure le nouvel espace de la Galerie Bernard Jordan sur la rive gauche de Paris, permet de prendre la mesure de la grandeur de l’artiste.