Sans titre (27-7-19)
Sébastien Dartout Sans titre (27-7-19)
2019, Acrylique sur papier, 23,5 ✕ 105,6 cm

“Elvine”

du 27 octobre 2022
au 26 novembre 2022

Les formats des œuvres de Sébastien Dartout, comme ceux à l’italienne ou à la française des peintures ou des photographies, sont déjà loin des conventions. Ils ressemblent le plus souvent à des bandes, tantôt larges, tantôt étroites. Leurs surfaces sont parsemées de plis, de renflements fendillés, souvent de coupures aussi. Les matériaux utilisés proviennent tous du domaine pratique, objets trouvés également, cartons, papier ou toiles. La couleur qui domine, ou plutôt la non-couleur, est le blanc qui s’étend au premier plan sur toute la surface, certes perturbé par les ombres des structures de surface et tranché par des formes abstraites, monochromes, comme de la typographie, qui apparaissent ici ou là, jamais symétriques. Ceci étant, qu’avons-nous réellement devant nous ? Une représentation dont le message serait contenu dans la surface ? Non, pour cela, les plis, incisions et arêtes font bien trop corps avec le support. De la sculpture, alors ? Non, les œuvres sont trop planes. Des reliefs ? Non plus, l’application de la peinture joue un rôle trop important. Appelons-les donc Kunststücke[1] ou simplement « objets » (un mot à la signification étendue), car la manière dont ces œuvres se détournent des conventions est à la fois frappante et tout en retenue.

Les réalisations artistiquesde Dartout sont fortement marquées par le caractère répétitif des structures. Les plis et les saillies constituent la trame, les entailles transforment les parties des objets en modules. Les trames et les modules vont au-delà des objets, et ce faisant, ils investissent et occupent l’espace dans toutes les directions sans s’arrêter aux marges. S’ajoutent à ça l’aspect des bandes et la disposition des signes colorés et abstraits, qui confèrent aux objets des allures de séquences, avançant et reculant comme dans un film, et introduisent ainsi une dimension temporelle.

Via l’expérience et la mémoire, associées à nos outils émotionnels, les œuvres de Sébastien Dartout deviennent des alliées temporelles qui nous révèlent un thème de la modernité – la modernité dans l’architecture par exemple, qui en suggérant des solutions de type trames et modules, entendait répondre à des exigences à la fois sociales et techniques. Les objets de Sébastien Dartout ne proposent pas tant le fond doré à la feuille d’or des images médiévales, ils posent plutôt, avec leurs trames, un regard mélancolique et interrogateur sur la réalité de notre vie urbaine – un regard véritable.  AJ

.


[1] En allemand, le mot Kunststück, littéralement « morceau artistique », signifie « prouesse, exploit ».