Eric Poitevin – Chaumont-sur-Loire

du 18 novembre 2023
au 25 février 2024
DOMAINE DE CHAUMONT-SUR-LOIRE

Éric Poitevin est passé maître dans l’art du portrait. Un portrait qui se rattache à l’histoire de l’art et de la photographie mais dans une version renouvelée. En effet, il n’est jamais question pour l’artiste de reproduire, mais toujours de créer une image sans-pareille. Chaque photographie est une entreprise sérieuse, préparée avec soin, construite méthodiquement, posée, comme l’entendait le XIXe siècle. Dans les Galeries hautes du Château, une sélection d’images appartenant à plusieurs séries témoignent de l’intensité avec laquelle Poitevin envisage la nature. Il ne s’agit jamais pour lui d’illustrer ou de commenter mais toujours de saisir l’être au présent.

© Leighton Gough

Si certains récits s’inscrivent dans le travail d’Éric Poitevin, c’est seulement en filigrane, car jamais le photographe ne raconte d’histoires. L’absence de titre marque, en effet, une absolue volonté de laisser l’image parler seule. Ses séries se déclenchent au gré des rencontres avec des personnes, des lieux, et aussi des visions fugaces que la traversée d’un environnement peut offrir. Il y a, par-dessus tout, les images réalisées par ceux qui habitent l’œil de l’artiste. Ceux qui font l’histoire de la photographie : Nadar, Alexandre Rodtchenko, Raoul Hausmann ou encore Richard Avedon.

© Leighton Gough

Pour chaque série, il met en place un dispositif différent. L’utilisation de la chambre photographique est un choix contraignant, qui oblige à penser la prise de vue comme un temps long et organisé. Puis vient l’heure du tirage, moment considéré comme le cœur de sa pratique. Éric Poitevin aime être aux prises avec la matière et la lumière, il aime cette “dimension bricolage” à laquelle il s’attaque en conscience. Pour lui, le laboratoire est une forge, le portrait un exercice éprouvant. Alors pour s’affranchir un temps des préparatifs, se ressourcer en quelque sorte, l’artiste transporte régulièrement sa chambre photographique dans les sous-bois. Là où habituellement il ramasse des champignons, il s’offre des séances en prise directe, non pas avec la nature, mais avec la photographie, emprunte un raccourci vers l’image. Une image qui a toute sa confiance. “J’ai un parti pris : la photographie, toutes les photographies, rien que la photographie”, affirme-t-il.

© Leighton Gough