Sans titre
François Bouillon Sans titre
2021, peinture à l'eau sur papier, 40 ✕ 40 cm

François Bouillon

du 22 janvier 2022
au 26 février 2022

Dans les aquarelles récentes de François Bouillon les formes se présentent comme pour une photographie anthropométrique ; sans contexte autre que la feuille blanche, franches, elles offrent leur face, leurs profils, leur singularité au regard. Elles sont trente-quatre présences, trente-quatre complexités, qu’aucune humeur ne trahit, ni dans leur nudité, ni dans leur pudeur silencieuse.

Crédit photos : Aurélien Mole

Elles forment un répertoire que l’on serait tenté de rapprocher de celui constitué par Platon, mais c’est une méprise : il ne s’agit pas là de solides et aucun dialogue n’est possible entre elles. Il y a même une certaine bonhomie dans la diversité de leur tracé. Aucune ne se ressemble, même un peu ; toutes s’arrangent pour tourner la tête dans une direction différente. Pourtant elles ont cette rondeur qui les entraîne à devenir autre et apparaître comme interchangeables, ces formes ont une intarissable plasticité. Comme les nuages, elles semblent indifférentes, aucun effort ne les épuise. 

Crédit photos : Aurélien Mole

François Bouillon les déplie, il les déploie, les révèle, mais sans céder jamais au spectaculaire ; il y a à cet égard comme un jeu d’évitement, les aquarelles de l’artiste se soustraient à l’attraction des ressemblances : on ne voit nulle tête, nul objet reconnaissable, nul signe, bien que l’esprit qui refuse le vide cherche parfois à se raccrocher. Les formes nées de ce travail se répandent dans les interstices du signifiant, là où aucun mot ne s’est encore glissé. Ainsi, il n’y a pas de terme pour dire ce que ce vert sapin engage avec ce rose tendre et ce brun, rien n’exprime cette courbe orange, rien ne justifie la présence de ces bandes rouges sur un ovale presque noir.

Crédit photos : Aurélien Mole

C’est là que réside la joie que procurent ces aquarelles. En elles l’esprit entre, muet de toutes ses habitudes. Ces aquarelles sont et demeurent des formes qui n’appartiennent à aucune expression ; elles patientent, peut-être pour l’éternité, dans l’immensité de ce qui n’a pas encore été dit.