Sharka Hyland

Sharka Hyland

Américaine, née en 1954

L’Œuvre de Sharka Hyland est composée d’écrits ; des écrits d’auteurs qui auraient pu être lus trop vite, perdus dans l’immensité du roman dont ils sont issus. Mais parfois une phrase vous arrête et cette phrase sur laquelle vous butez vous impose de la relire car quelque chose apparaît. En quelques mots l’auteur a décrit une situation. Une image s’est formée, elle s’est faite présence.

Dans ses dessins Sharka Hyland retient ces apparitions. Les mots et les phrases sont repris tels quels, simplement recomposés selon une police et une typographie choisie par l’artiste, puis ils sont dessinés avec la minutie nécessaire pour créer l’illusion d’un texte imprimé. Ici le dessin se fait acte de lecture ; une lecture à voix basse, lente, clairement énoncée dans la langue d’origine de son écriture, une lecture grisée par l’usage du graphite sur le papier, et qui progresse d’un seul coup, comme progresse un frisson sur la peau.

Dans ces pages recréées au format paysage ont croise les mots de Flaubert, les phrases de Proust, de Thomas Bernhard, les visions de Kafka et les élégies de Walt Whitman, les vers de Rilke, ceux de Blaise Cendras, et de Dante ; on devine des passages que l’on a peut-être connus, d’autre qui nous semblent familiers. Tous ces décors qui vivent dans la ponctuation de langues que l’on ne maîtrise pas forcement se dressent et se mettent à faire écran sur le fond de la rétine telles des ombres chinoises accrochées aux rideaux d’une nuit de pleine lune.

Ainsi, une fois patiemment dessinées, les passages choisis par l’artiste deviennent des récifs de stabilité perdus dans une mer déchaînée. Devenus insubmersibles elles restent longtemps présents à l’esprit. On ne saura pas pourquoi ceux-là plutôt que d’autres ont été choisis par Sharka Hyland sinon qu’elle les a vus plus encore qu’elle ne les a lus ; simplement on se remémorera avec Baudelaire qu’ils « errent en flamboyant ».

Texte de Benoît Blanchard

Œuvres

04-  Blaise Cendrars, La fin du monde… (31)
04- Blaise Cendrars, La fin du monde… (31)
2019, Aquarelle et mine de plomb sur papier, 27 ✕ 36,8 cm
08- Blaise Cendrars, La fin du monde… (40-41)
08- Blaise Cendrars, La fin du monde… (40-41)
2019, Aquarelle et mine de de plomb sur papier, 27 ✕ 36,8 cm
09- Blaise Cendrars, La fin du monde… (42)
09- Blaise Cendrars, La fin du monde… (42)
2019, Aquarelle et mine de plomb sur papier, 26 x 36.8 cm
Pierre Reverdy, Son de cloche
Pierre Reverdy, Son de cloche
2019, Aquarelle et mine de plomb sur papier, 27 x 36.8 cm
Baudelaire, Les Fenêtres
Baudelaire, Les Fenêtres
2017, aquarelle et mine de plomb , 28,6 ✕ 35,3 cm
Baudelaire, Les Phares (Rubens)
Baudelaire, Les Phares (Rubens)
2013, Aquarelle et crayon sur papier, 28 x 35.5 cm
Proust, Albertine Disparue (63)
Proust, Albertine Disparue (63)
2016, crayon sur papier préparé, 30.5 x 45.5 cm
Flaubert, Madame Bovary
Flaubert, Madame Bovary
2015, crayon sur papier préparé, 26,5 ✕ 35,5 cm
Rilke, Archaischer Torso Apollos
Rilke, Archaischer Torso Apollos
2019, AQUARELLE ET MINE DE PLOMB SUR PAPIER, 28 ✕ 38 cm
Flaubert, Madame Bovary (97)
Flaubert, Madame Bovary (97)
2020, mine de plomb sur papier préparé , 30,5 ✕ 45,5 cm
Marcel Cohen, Faits (XXXII)
Marcel Cohen, Faits (XXXII)
2020, crayon sur papier, 50,5 ✕ 40,7 cm
Thomas Bernhard, Alte Meister (93)
Thomas Bernhard, Alte Meister (93)
2019, crayon sur papier, 28 ✕ 38,2 cm
Expositions

BLAISE CENDRARS – LA FIN DU MONDE FILMÉE PAR L'ANGE N.D., galerie Bernard Jordan, Paris, 2020

Buchwelten, Museum Sinclair-Haus, Allemagne, 2018

DRAWING NOW, salon du dessin contemporain, galerie Joe , Paris, 2017