Funny Farm
Ronald Cornelissen Funny Farm
2021, encre, crayon, aquarelle, gouache sur papier , 90 x 140,5 cm

Funny Farm

du 20 novembre 2021
au 15 janvier 2022

Aigres-doux, les dessins de Ronald Cornelissen tirent leur sujet de l’épuisement des représentations d’une société conquérante du monde. Une modernité virile, à bout de souffle et parfois ridicule, portée par des hommes au volant de leur voiture, des hommes absents, vains et cocasses, oublieux des espaces qu’ils ont laissé proliférer avant de les délaisser. Ces espaces que dessine l’artiste sont peuplés de passants enfantins et bodybuildés, d’oiseaux de proie, de baleines légendaires et de grues à l’abandon.

Le travail que mène Ronald Cornelissen porte une forte dimension critique. Pour autant, ce rapport critique est débordé par la dimension affective que l’artiste y imprime. Il y a chez lui un sentimentalisme. Un sentimentalisme certes déçu et maculé par les clichés devenus inopérants ­des mythologies masculines, urbaines et positivistes, mais un sentimentalisme vivace et profondément punk porté par le rire.

Cette relation tragicomique de l’humanité au monde qui l’entoure se fonde dans une attitude musicale où s’entendent les influences d’une culture pop faite de collages et de sampling. Ronald Cornelissen en explore la plasticité à la manière d’un espace mental. Il y puise l’engagement narratif qui donne leur force à ses dessins. Ceux-ci ne sont jamais totalement refermés sur eux-mêmes. L’air et la pluie qui circulent dans les dessins y suggèrent un en-dehors. L’image se poursuit, poussée par l’imagination, mais aussi par nos habitudes. L’œuvre est nourrie par toutes sortes d’histoires et de contes que l’on se transmet de génération en génération.

Ainsi, il en va de la production de ces dessins comme de la progression d’une saga ayant abandonné l’idée d’une téléologie. L’histoire se déplace dans le temps à la manière d’un feuilleton dont chaque dessin rend visible les divagations. De même, le trait navigue entre la précision et l’abandon, l’aisance et l’échec à la manière d’une bille de flipper dans un jeu de massacre.