
Elmar Trenkwalder
Il en va du pressentiment de la forme, comme du pressentiment de la séduction. Dans la sculpture d’Elmar Trenkwalder, les volumes, les signes et les êtres prennent l’apparence que leur donnent les mains de l’artiste. Chaque œuvre est le fruit d’un savoir-faire expérimental que guide le corps plus que l’esprit.
En cela, les sculptures sont organisées selon une logique quasi amoureuse, faite d’élans, de répétitions et d’improvisations entremêlés. La dualité y est intimement incarnée : sexuelle et symbolique, architecturale et ornementale, construite et inexplorée, la forme semble progresser à tâtons, presque à l’aveuglette, tout en étant faite pour être contemplée.
La céramique émaillée qu’utilise l’artiste donne le sentiment d’une matière qui se déploie constamment, une matière qui englobe et recouvre, telle une peau alternant expansions et invaginations. Il y a croissance : une croissance verticale, redressement du monde viscéral et cartilagineux, face auquel une déambulation est possible. On s’y trouve comme dans un Palais idéal, bourgeonnant et habité d’inconscient, un palais non pas anthropomorphique, mais clairement organique. Les œuvres sont une exploration de cette déambulation et, comme un rêve, en perpétuelle transformation, elles entretiennent un rapport primaire au monde selon une logique dont le développement va du plus simple au plus élaboré. Ce n’est que graduellement que la combinatoire des formes exprime sa complexité.
Ainsi les sculptures d’Elmar Trenkwalder occupent l’espace avec une profonde sérénité. Leur temps n’est pas celui de la contemplation ni de la compréhension, mais celui, épidermique, de la sensation. La couleur joue un rôle important dans l’immédiateté de leur présence. Ourlées de roses, de verts, de blancs luisants et de bleus nuit, les sculptures, à la fois architecturales et génitales, donnent le sentiment d’être apparues dans la rosée le matin même : dans cette eau naissante qui, de toute éternité, fait vaciller la lumière du jour.
Texte de Benoît Blanchard
Œuvres

1987, encre sur papier, 16 x 24 cm

1990, aquarelle et crayon sur papier, 40 x 25 cm

1993, bronze, 3 tirages successifs de 3 exemplaires I—1,2,3 - II—1,2,3 - III—1,2,3 et 3 E.A—1,2,3 non coulés., 170 ✕ 60 ✕ 60 cm

2006, céramique émaillée, 69 éléments, 290 x 500 x 500 cm

2009, crayon sur papier, 34 x 54 cm

2010, terre cuite émaillée, 290 x 142 x 45 cm

1989, crayon sur papier, 27,5 x 19 cm

2016, Grès émaillé, 6 éléments, 213 x 143 x 41 cm

2018, Terre cuite émaillée 91 éléments Chaque éléments est en caisse. , 700 x 1300 x 80 cm

2019, Terre cuite émaillée 2 éléments , 204 x 55 x 30 cm

2019, Terre cuite émaillée 2 éléments , 175 x 52 x 45 cm

2019, Terre cuite émaillée 2 éléments , 214 ✕ 43 ✕ 43 cm

2019, Terre cuite émaillée 2 éléments , 184 x 50 x 37 cm

2019, Terre cuite émaillée 2 éléments , 189 x 60 x 31 cm

2019, Grès émaillé 2 éléments , 167 x 35 x 41 cm

2019, Grès émaillé, 2 éléments, , 198 x 75 x 43 cm

2020, Terre cuite émaillée 5 éléments Caisse 1/3 : 108x127x57 cm - 180 kg Caisse 2/3 : 145x130x39 cm - 124 kg Caisse 3/3 : 112x95x33 cm - 58 kg , 310 ✕ 115 ✕ 43 cm

2020, Grès émaillé, mine de plomb sur papier , 115 x 69 x 10 cm

2021, Terre cuite émaillée, relief, mine de plomb sur papier, 120 ✕ 120 ✕ 12 cm

2021, Terre cuite émaillée, mine de plomb sur papier, 118 ✕ 75 ✕ 12 cm
Revue de presse

Ces dernières années, l’artiste autrichien Elmar Trenkwalder a bénéficié d’une belle visibilité, en particulier pour son travail de sculpture en céramique. Également peintre et grand dessinateur, son univers foisonne d’entrelacs, de figures, de sexes. Au-delà des interprétations multiples, la recherche de formes et leur équilibre délicat semblent toujours être au cœur de ses créations.

Son matériau de prédilection est devenu le grès émaillé. Cependant Elmar Trenkwalder ne se considère ni comme un céramiste ni comme un sculpteur, mais comme un plasticien.

Du 15 octobre 2021 au 6 février 2022, l’exposition les Flammes, l’âge de la céramique se tient au Musée d’art moderne de Paris (commissaire : Anne Dressen, assistée de Margot Nguyen). Après Decorum (2013, le textile) ou Medusa (2017, les bijoux), elle confronte œuvres anciennes et contemporaines qui toutes exploitent ce matériau étrange, argile humide qui, passée au feu, devient dure comme la pierre et fragile comme du verre. L’Autrichien ElmarTrenkwalder y participe, il revient ici sur ce qui fonde sa pratique, tandis que Laurent de Verneuil explore le rapport plus artisanal des Américains à ce matériau.

A Paris, le Musée Maillol réunit des œuvres de FleuryJoseph Crépin, Augustin Lesage et Victor Simon, marquées par le spiritisme.

Le Frac d’Alsace vient d’inaugurer WVZ 284, oeuvre qu’il a commandée à l’artiste autrichien Elmar Trenkwalder. Un portail en céramique pour son jardin, une pièce monumentale qui s’est révélée un défi et une performance technique. Retour dans l’atelier de l’artiste, quelques mois avant l’inauguration.

Les oeuvres de grande taille d’artistes d’aujourd’hui tels Elsa Sahal, Stéphane Thidet et Elmar Trenkwalder s’y trouvent autant à leur aise que celles, de dimensions plus réduites, d’Adolf Wolfli, Scottie Wilson ou Fleury Joseph Crépin, figures majeures de cet art dit autrefois “des fous”.

Après avoir oeuvré avec la faïence ou la porcelaine, Trenkwalder retient aujourd’hui le grès : ce matériau, assez peu exploité à la Manufacture de Sèvres, prédomine dans les sculptures présentées à la Galerie Bernard Jordan.

Quoi de plus spectaculaire et impressionnant que la monumentale terre cuite émaillée d’Elmar Trenkwalder installée dans l’Hôtel de Manville qui a ouvert la 3ème édition “Septembre de la Céramique et du Verre” ?